Pendant plus de quarante années, Serge Delaunay (1956-2021) a tenu le journal de ses émotions, de ses vérités, de ses éblouissements, de ses obsessions. Ce sont des milliers de dessins et de pages lentement calligraphiées, des statues de terre également, la chronique au quotidien du monde tel qu’il va, tel qu’il sera, tel qu’il conviendrait qu’il soit et tel que l’artiste, à sa table de travail, en reçoit l’écho – les mots, les promesses, la musique, les figures, les alignements mystérieux. Un jour viendra, c’est sûr, où tout sera parfaitement agencé, les autos, les rouages, les moteurs, les fusées, les planètes, les étoiles et les galaxies, les mondes qui se croisent et les corps enlacés, une seule immense machine, d’un extrême raffinement, d’une inconcevable complexité, génératrice, enfin, de tous les désirs accomplis.
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Né en 1956, Serge Delaunay intègre les ateliers du Centre Reine Fabiola, à Neufvilles, à l’âge de 22 ans. Il y assemble des dynamos, mais un des responsables du Centre s’aperçoit que Serge Delaunay recouvre de dessins les bords de son établi. Ces dessins retiennent l’attention au point qu’un atelier arts plastiques est mis en place. Serge Delaunay le fréquentera jusqu’à son décès, en 2021.
La fabrique des images de Serge Delaunay est rythmée par les actualités, entendues à la radio – qui ne se tait jamais – ou lues avec avidité dans divers quotidiens, Le Figaro en tête. Les magazines spécialisés fournissent eux aussi à l’artiste un terreau où germent fusées, astéroïdes, planètes et autres véhicules du futur.
La production de Serge Delaunay, se déployant pendant près de quarante ans, se décline en deux et trois dimensions : les dessins, majoritairement en noir et blanc, répondent aux sculptures de terre cuite. Et inversement. Les textes occupent également une place importante et dénotent le plaisir de l’artiste à jouer avec la langue, à inventer les termes manquants, mais combien nécessaires, pour nous donner des nouvelles du monde.
Ce monde est, essentiellement, encore à venir et, au-delà de son apparent désordre, il constitue un tout cohérent. Mécanique automobile, exploration spatiale et érotisme parfois très cru sont minutieusement agencés l’un à l’autre pour composer, jour après jour, l’univers en formation de Serge Delaunay.
Le travail de Serge Delaunay a fait l’objet de nombreuses expositions, solos ou collectives. Parmi les lieux d’exposition, l’on peut citer : la Galerie HerenPlaats (Rotterdam, Pays-Bas) en 2000, le Parlement bruxellois en 2005, la Fondation FOLON (La Hulpe, Belgique) pour l’exposition « Autre Reg’Art » en 2012, le CNES-Centre National d’Études Spatiales de Paris en 2012, le Musée de la Création Franche (Bègles, France) en 2013 et en 2014, le Festival « Art et Déchirure » (Rouen, France) en 2014 et en 2017, le DiF’Festival, au Centre Reine Fabiola de Neufvilles (B), pour l’exposition « Collectiff » en 2017.
L’œuvre de Serge Delaunay est représentée dans plusieurs grandes collections, dont la Collection de l’art brut (Lausanne, Suisse), le Musée de la Création Franche (Bègles, France), « abcd/Art brut – collection Bruno Decharme » ou encore le Trinkhall museum.