Un monde à soi - Inès Andouche

Serait-il possible de penser avec les mains, les doigts, quand la parole n’est pas d’usage ? Cernes noirs et grands aplats de couleurs, lignes claires, lumières chaudes ou froides, toujours saturées, visages sans yeux et yeux sans regard. Serait-il possible de voir sans yeux quand l’échange des regards est sans objet ? Qui est une personne et qui ne l’est pas ? Une chimère, un oiseau, un objet, un monstre, un paysage ? Qui parle et qui se tait ? Le trait fait son chemin sur la feuille. Les corps deviennent, s’allongent, se tordent et se mêlent. Il n’y a plus de profondeur, de proche ni de lointain. Tout, comme d’un seul geste, est jeté là, les gens et les choses, à parts égales, arrêtés, figés dans l’instant de leur métamorphose, solitaires, ensemble et souverains. Le monde court sous la peau d’Inès Andouche, se dépose en fines pellicules sur la feuille ou sur la toile. Peau contre peau : un monde à soi !