Les artistes exposés actuellement

Beverly BAKER - Latitude Artist, États-Unis

Artiste américaine (Latitude Artist, Kentucky), Beverly Baker travaille au départ de documents administratifs qu’elle subtilise sur son lieu de travail ou au départ de pages arrachées à des magazines et à des livres. Ce support initial est ensuite couvert par de multiples couches de lettres, de mots et de lignes de couleurs.

Avec la fréquentation des ateliers, la production de Beverly Baker s’émancipe progressivement du texte pour devenir plus graphique. Les œuvres exposées ici en attestent. Nous sommes face à de quasi tapisseries dont l’intensité tranche avec la sobriété des moyens. Car, quoi qu’il en soit de l’évolution de son travail, Beverly Baker recourt toujours aux mêmes modestes instruments : stylo à bille, crayon ou marqueur.

Géraldine BEAUPèRE - Créahm Région wallonne, Belgique

Fréquentant les ateliers du Créahm depuis plus de quinze ans, Géraldine Beaupère crée en noir et blanc de magnifiques réinterprétations de livres illustrés. Les textes autant que les images sont soumis au travail de copie et de détournement de Géraldine Beaupère.

Les œuvres exposées ici appartiennent à un registre de création plus ancien, l’artiste se préoccupant aujourd’hui davantage de la nature et de sa préservation.

Samuel Cariaux - Créahm Région Wallonne, Belgique

Musicien, artiste circassien, danseur et plasticien, Samuel Cariaux est un artiste « total », fréquentant les ateliers du Créahm, à Liège.

Fortement influencé par le Japon – samouraï, calligraphie, sushi ou manga –, Samuel Cariaux puise également son inspiration dans les photographies les plus sensuelles de la publicité.

Depuis le mois de janvier 2023, au Trinkhall museum, Samuel Cariaux s’initie à la gravure. Ce sont quelques-unes des créations réalisées dans ce cadre qui sont ici données à voir.

Sylvain COSIJNS - De Bolster, Belgique

Sylvain Cosijns (1932-2020) entre à l’atelier artistique du centre De Bolster (Mariaheem, à l’époque) à l’âge de cinquante-quatre ans. Avec le soutien de l’animateur Jan Geldhof, le talent artistique de Sylvain Cosijns s’épanouit peu à peu. L’artiste affirme son style : ses personnages sont de plus en plus stylisés au fur et à mesure qu’il épure son trait.

Michel DAVE - La Pommeraie, Belgique

Michel Dave (1941-2018) intègre les ateliers de La Pommeraie alors qu’il est âgé de cinquante ans.
L’artiste trace les mots comme l’on dessine, répétant en une colonne démultipliée sur la page le même mot ou la même phrase – l’un ou l’autre cerclé d’une sorte de bulle ou de pointillés. Les créations de Michel Dave sont, pour la plupart, réalisées au marqueur acrylique de couleur. Les œuvres exposées ici, si elles répondent au même canevas créatif, diffèrent néanmoins par la technique utilisée : la gravure.

André DELVIGNE

Représenté par la Fondation Paul Duhem, le plasticien et photographe André Delvigne anime des ateliers d’art-thérapie.
Le Bureau du boss est un mausolée païen érigé à la gloire de l’artiste par lui-même.  C’est un agrégat de traces, autant rebuts que reliques de moments heureux ou souffrants : les alliances d’unions aujourd’hui dissoutes, une balle qui a manqué sa cible de peu, un autoportrait, de l’eau bénite, des chapelets, une carte de tarot et des montres à gousset qui ont cessé, depuis longtemps, d’égrener les minutes ou les heures.

Pierre De Peet - Créahmbxl, Belgique

Pierre De Peet (1929-2019) est un des artistes phares des ateliers du Créahm (Bruxelles), où il a œuvré pendant près de trente ans, d’août 1990 jusqu’à sa mort, survenue en novembre 2019.
Pierre De Peet développe une œuvre plastique d’une bouleversante intensité : dessins, peintures et gravures. La sûreté parfaite du trait, l’intelligence des couleurs, le sens de la narration et une poétique incomparable de l’écart constituent les éléments principaux d’un langage pictural où l’expressionnisme, en ses dimensions parfois les plus tragiques, ne cesse de dialoguer avec une manière de douceur et de tendresse à nulles autres pareilles.

Robert DE ZAEYTIDJT - Créahmbxl, Belgique

Robert De Zaeytijdt (1929-1999) fréquente les ateliers arts plastiques du Créahm à Bruxelles de 1984 à 1998. Sur une période relativement brève, il a réalisé une œuvre abstraite et puissamment poétique. L’artiste use de médiums privilégiés comme l’écoline et l’acrylique pour appliquer de larges aplats de couleur sur le papier. Ces zones sont toujours rehaussées d’une subtile ponctuation idéographique presque mathématique, à l’encre de Chine ou au pastel, dont la graphie évoque les partitions musicales. S’il limite l’utilisation des couleurs jusqu’à l’épurement, Robert De Zaeytijdt est aussi un coloriste talentueux. De cette subtile combinaison surgit le doute, que l’artiste laisse planer sur ses intentions. L’interprétation n’en est que plus profonde et l’on peut imaginer de ces compositions qu’elles suggèrent un paysage ou un portrait. Ou bien sont-elles une forme d’expression calligraphique délicatement mystérieuse, dont le code aurait été gardé secret par l’artiste ?
Deux mondes se superposent, cohabitent et se complètent dans l’œuvre de Robert De Zaeytijdt : la brume d’une intimité et les accents de la vie qui racontent ses anicroches ou ses légèretés. Une création artistique qui nous renvoie définitivement à nos propres fragilités.

Aymeric Dodeigne - Créahm Région Wallonne, Belgique

Aymeric Dodeigne fréquente les ateliers du Créahm Région wallonne.
Formidable touche-à-tout, ce jeune artiste participe volontiers aux projets collectifs et aime relever de nouveaux défis.
En janvier 2023, il intègre l’atelier gravure, installé au Trinkhall museum, enrichissant alors sa production de nouveaux motifs.

s.t., gravure, 2023

Michel DUPONT - Club André Baillon, Belgique

Michel Dupont (1945-2010) a fréquenté l’atelier arts plastiques du Club André Baillon pendant quelques années.
Très imprégné par ses connaissances en ingénierie, l’artiste puise dans les manuels d’électromécanique la source de son inspiration, transfigurant schémas et équations sur de grands fonds colorés.

Johan Geenens - Ateliers De Zandberg, Belgique

Né en 1970, Johan Geenens fréquente les ateliers De Zandberg depuis 2002.
Membre du Wild Classical Music Ensemble, Johan Geenens est également, peut-être même surtout, l’auteur d’un important travail plastique jouissant aujourd’hui d’une large reconnaissance.
Son œuvre – gravures, dessins et peintures – semble dénoter une grande retenue, bien sûr par le contenu, mais aussi par le choix de matériaux extrêmement sobres, voire austères.
Les réalisations de Johan Geenens sont des créations au long cours, mobilisant l’artiste plusieurs semaines durant. Le résultat est époustouflant, particulièrement les acryliques qui donnent à voir la nécessité d’un faire artistique.

Jean-Marie Heyligen - Home André Livémont, Belgique

Jean-Marie Heyligen (Ath, 1961) est un artiste pluriel : peintre, graveur, sculpteur, il se prête depuis plus de quarante ans, avec une infinie patience, au jeu de dire hors-les-mots les choses qui importent - des visages effarés, des corps abandonnés et nus, des Indiens d’un autre monde, des chevaliers d’un autre temps, tous embarqués dans l’énigme irrésolue des formes, des traits, des matières, des couleurs, des images et des choses. L’œuvre au long cours de Jean-Marie Heyligen est le bric-à-brac ordonné, sans cesse métamorphosé, de tout ce qui, de l’enfance à l’âge d’homme, secrètement nous traverse.

Alexis Lippstreu - La Pommeraie, Belgique

Alexis Lippstreu (Suresnes, 1972) fréquente l’atelier arts plastiques de La Pommeraie.

Avec une économie de moyens – crayon, papier – Alexis Lippstreu se fait le copiste génial de tableaux de maîtres. Les scènes de Gauguin, Manet ou Velasquez sont réinterprétées, réinventées, au sein d’infinies séries. Chaque dessin est une variation autour d’un même thème, inépuisable, toujours repris et remis sur le métier. Réécriture ou page nouvelle de l’histoire de l’art, l’œuvre d’Alexis Lippstreu taille jusqu’à l’os pour révéler, avec une grande sobriété et un art consommé du dépouillement, le cœur des tableaux les plus célèbres.

Réitération quasi hypnotique, le travail d’Alexis Lippstreu est aussi une invitation à penser les relations qui se jouent à l’atelier, entre les artistes et celui que l’on nomme « l’animateur ». Que rend possible l’atelier et qu’interdit-il ? Que se passe-t-il lorsque tel livre consacré à tel artiste disparaît et, avec lui, une des principales sources d’inspiration ? Quelle ouverture et quelle clôture dessine le pastel, une fois remplacé par le crayon graphite ?

« Bien sûr Alexis n’a pas eu d’éducation artistique, il n’avait pas un besoin impérieux de création. Lorsqu’il est arrivé à La Pommeraie, il se trouve que mon atelier existait et qu’il y est venu. Tous ses éléments graphiques étaient posés, je ne voudrais pas minimiser mon rôle, mais à part lui fournir le matériel, être présent dans son champ visuel, il n’a besoin de rien. Si je ne suis pas là, cela le perturbe beaucoup ; une relation particulière, qui n’a pas besoin de mots, s’est installée entre nous au fil des années. Sa production n’est pas apparue dans le secret, le silence et la solitude, il travaille dans un atelier où d’autres personnes sont présentes, ma présence est réelle même si j’espère qu’elle n’est pas castratrice. Il est entouré au quotidien par des collègues qui le motivent, qui l’encouragent. Toutefois, Alexis a la capacité de se retirer de notre monde et de se mettre dans une bulle dans laquelle personne n’est invité, où le temps – notre temps – n’existe plus. Ce sont des instants magiques qui se répètent au quotidien. Il y a un tout un vocabulaire qu’il ne possède pas : artiste-œuvre-galerie-musée… Par contre, s’il ne prête pas beaucoup d’intérêt aux expositions qu’il réalise, le voyage, le vernissage et le restaurant qui entourent l’exposition sont tout à fait fondamentaux et il se souvient de tous les détails qu’il a vécus même de longues années après. Bien sûr l’argent ne l’intéresse pas du tout, il n’en connaît pas la valeur et ce n’est certainement pas le moteur de sa création. Il ne s’intéresse pas non plus au devenir de son œuvre […] Il n’a aucune considération pour son devenir et, lorsqu’il termine un dessin, il le range dans l’étagère et l’oublie aussitôt. J’ai même l’impression que nous pourrions le jeter, que ça ne changerait rien à son attitude. Mon rôle aujourd’hui est de protéger, d’inventorier, de diffuser son travail. »

(Extrait de Bruno Gérard, « Alexis Lippstreu. Gauguin, Degas, Léonard de Vinci et les autres… », in Alexis Lippstreu, Liège, MADmusée-Créahm Région Wallonne, 2012, p. 11-12.)

s.t., crayons graphite et de couleurs, entre 1994 et 2012

Ronny MacKenzie - Project Ability, Royaume-Uni

Ronny MacKenzie fréquentait l’atelier artistique de Project Ability (Glasgow) lorsqu’il a réalisé l’œuvre exposée au Trinkhall museum. Nous ne disposons actuellement d’aucune information sur cet auteur.

Alain Meert - Créahm Région Wallonne, Belgique

Actif dans les ateliers du Créahm, à Liège, depuis 1996, Alain Meert est un formidable peintre animalier et un incroyable copiste. Reproductions d’animaux ou natures mortes se trouvent transfigurées sous ses traits.
Alain Meert a également offert au Trinkhall museum une de ses pièces emblématiques : Le musée idéal (2019). Bateau pirate installé au cœur du musée, il porte en son sein les œuvres, mais tout aussi bien les gens et les projets qui importent à l’artiste. Cette pièce se donne comme la métaphore de notre politique muséale.

Alain Meert est un des trois artistes du Créahm Région Wallonne à avoir intégré, en janvier 2023, l’atelier de gravure du Trinkhall museum. Trouvant peu à peu son rythme et assurant son trait – sur zinc ou sur plastique, Alain Meert se consacre à une série de portraits.

Le musée idéal d’Alain Meert

Le musée idéal est une œuvre réalisée par Alain Meert, l’un des artistes phares des ateliers du Créahm Région Wallonne, en vue de l’ouverture du Trinkhall.

L’artiste a répondu à la question que nous lui avions adressée - Qu’est-ce qu’un musée ? - par le moyen d’un galion, toutes voiles dehors, où s’exposent nonchalamment dessins, peintures et sculptures. C’est un théâtre de papiers, de cartons, d’objets, présences multipliées, insolites et familières qui se logent exactement dans l’entre-deux des consciences. Le monde entier qui tient dans un bateau : l’arche d’Alain Meert. Quelle plus heureuse métaphore pouvions-nous rêver pour conduire notre politique muséale ? Le bateau d’Alain Meert est un musée, comme nous le voulons, qui navigue en rêvant parmi les idées, les formes et les émotions. Capitaine de vaisseau, Alain Meert est un pirate. Nous espérons, au Trinkhall, nous laisser mener longtemps par ses mille sabords et ses hissez ho !

Bertha Otoya - Atelier Creativity Explored, USA

Originaire du Pérou, Bertha Otoya fréquente l’atelier américain Creativity Explored.

À ses débuts, elle se consacre au travail textile, réalisant des tapisseries et des kilts selon des procédés péruviens traditionnels. A partir de 2009, son travail prend une autre voie : Bertha Otoya se tourne alors vers la peinture, majoritairement en noir et blanc. Progressivement, la gravure occupe une place plus importante dans sa production : serpents, poissons et bêtes mystérieuses sont apposées sur des surfaces manuscrites, copies d’ouvrages variés allant du traité de démonologie au Paradis perdu de Milton.

Trois œuvres de Bertha Otoya sont exposées dans Des lieux pour exister. Les créatures d’Otoya glissent en leur lieu, nous entraînant dans un univers merveilleux ou des profondeurs parfois inquiétantes.

 

Pascal Tassini - CRÉAHM RÉGION WALLONNE, BELGIQUE

Pascal Tassini (Ans,1955) a fréquenté les ateliers du Créahm région Wallonne pendant plus de vingt ans, de 1996 à 2018. Il y a développé une oeuvre polymorphe d'une extraordinaire richesse - dessins, peintures, sculptures en terre cuite et assemblages de tissus noués qui font, aujourd'hui, sa notoriété, incessant bricolage des formes, des matières, des présences.

Parmi les nombreuses réalisations de Pascal Tassini= : une cabane, emblème de son oeuvre. Construite au sein de l’atelier où il travaille, la Cabane importe particulièrement dans le processus créatif de l’artiste. Elle est composée de la matière même qui a fait la spécificité – et la renommée – de l’oeuvre de Pascal Tassini : des matériaux de récupération entremêlés les uns aux autres par le moyen de pièces textiles nouées ensemble. Placée au coeur de l’atelier, la cabane offre un refuge à Tassini ; elle est le lieu qui autorise la création et qui abrite les oeuvres achevées. Elle est à ce point emblématique de son travail qu’en 2003, lors de l’exposition monographique que lui consacre le MADmusée, l’artiste élabore une variation de la cabane dans les murs du musée. Et, en 2017, lorsqu’il expose à la galerie Christian Berst à Paris, il revient sans cesse vers une grande reproduction photographique de cette réalisation architecturale hors du commun. La Cabane occupe non seulement une place centrale dans l’oeuvre de l’artiste, mais représente également une pièce majeure pour l’histoire de l’art récente.

Pascale Vincke - Créahmbxl, Belgique

Artiste des ateliers du Créahm, à Bruxelles, de 1986 à 1998, Pascale Vincke a eu une activité plastique précoce, intense et brève. Son œuvre est essentiellement constituée de portraits, inspirés de pages de magazines et de publicités. Sous les traits de Pascale Vincke, ce monde de strass et de paillettes se tord et se transforme ; il s’échappe hors de lui-même.

« Voyez comme l’image dialogue avec les bords réels ou figurés qui la contiennent – elle ne tient pas en place, elle joue, littéralement avec le cadre. Sans aucune affèterie, tout en délicatesse, les jeux de l’image et du cadre indiquent alors les conditions de possibilité du visible : l’image est toujours menacée de disparition ou plutôt, mieux dit, elle semble en permanence habitée par une hésitation à être, un projet d’évasion, affirmant en même temps que sa visibilité propre, la part de silence et de nuit qui la constitue et paradoxalement la rend possible, le silence d’où elle vient. C’est pourquoi, sans doute, elle échappe, en ce qui la fait naître et qui la guide, aux ritualités de la monstration, du commerce, de l’exaltation de soi : elle tend vers sa marge et, ici encore, postule une extériorité. Jamais elle n’est tournée vers le dedans, elle ouvre à l’inquiétante et vaste nudité du dehors. » (Extrait de Carl Havelange, « Les portraits de Pascale Vincke : une anthropologie silencieuse », in Pascale Vincke, Liège, MADmusée-Créahm Région Wallonne, 2006, p. 34.)