À l’abri des bruits terrifiants qui déferlent sur le monde - les violences, les menaces, les dénis, les obscènes cécités qui sont l’actualité -, nous nous tenons dans notre cabane, au Trinkhall, célébrant, envers et contre tout, modestement, ambitieusement, ce que nous appelons la puissance expressive des mondes fragiles. Nous nous tenons dans notre cabane où nous prenons soin des lucioles, que nous portons en bannière, les œuvres de la collection, qui ne cessent de venir à nous, tenant d’un commun si précieux et pourtant aujourd’hui humilié, les gestes de la création déployés, partout dans le monde, envers et contre tout, dans l’intimité compagne des ateliers, l’énigme vivifiante des altérités partagées.
Plus que jamais, nous voulons tenir, dans notre maison de paille, portes ouvertes à qui nous fait l’amitié d’une visite – des enfants en pagaille, des couples qui se tiennent par la main, des promeneurs, des étrangers, des familiers, des amateurs, des poètes, des amis. Parfois la lumière chante sur les parois du musée, où se dépose l’ombre des branchages, le souvenir – heureux – du cèdre du Liban, des arbres anciens et des arbres nouveaux. Faudrait-il renoncer à la joie ou, tout pareil, à la mélancolie, cousues du même fil – un point de légèreté, un point de gravité -, qui assemble nos yeux, nos émotions, nos existences ? Aux cimaises du musée : des raisons d’espérer, envers et contre tout !
Et puis, si l’on peut se permettre, malgré l’effroi, pour soutenir la cabane et renforcer un peu ses murs, déposer pourquoi pas sous le sapin : des impressions, des cadres, des livres, des objets…