LE MUSÉE
Le Trinkhall museum, succédant au MADmusée, a ouvert ses portes le 18 juin 2020. Il abrite une collection, unique au monde, d’œuvres d’art réalisées en contexte d’atelier par des artistes en situation de handicap mental, de déficience cognitive ou de grande fragilité psycho-sociale. La collection du Trinkhall, qui ne cesse de s’accroître, est riche de plus de trois mille pièces (peintures, dessins, gravures et sculptures), provenant du monde entier et patiemment rassemblées depuis une quarantaine d’années sous la bannière du Créahm, du MADmusée et, aujourd’hui, du Trinkhall museum.
L’intérêt patrimonial de la collection est exceptionnel. D’abord par la richesse, la diversité et la qualité, aujourd’hui pleinement reconnues, des œuvres qui y sont conservées. Ensuite par le témoignage qu’elle offre, en son lieu singulier, d’une poétique de l’ailleurs, des marges ou des frontières qui, depuis plus d’un siècle, met très profondément en mouvement la création artistique. Enfin, par tous les liens, qu’elle rend visibles et intelligibles, s’établissant entre art et société. Le projet scientifique et culturel du Trinkhall, entièrement repensé au cours des années de fondation qui ont précédé l’ouverture du nouveau musée (2017-2020), repose sur ces trois axes qui, ensemble, engagent notre politique de conservation, d’accroissement, de diffusion, de recherche et de médiation.
Pour le dire d’un trait, il s’est d’abord agi, pour nous, d’affranchir la collection des catégories d’usage qui en circonscrivaient la perception et, ainsi que nous en prenions conscience, entravaient sa mise en œuvre. Au premier rang de ces catégories d’usage, la notion d’art brut, privilégiée par les anciennes directions du MADmusée, enfermait la collection dans une sorte de ghetto artistique qui ne permettait plus de lui faire justice. Elle la réduisait au contraire à des formes esthétiques convenues et soutenues, du point de vue de leur réception, tantôt par un imaginaire factice de liberté et de spontanéité, tantôt par les principes (essentialisme et individualisme) qui régissent sourdement la construction théorique de la notion d’art brut et de ses divers avatars.