Adolpho Avril - La « S » grand atelier, Belgique
Adolpho Avril fréquente La « S » grand atelier, à Vielsalm, depuis 2003. Graveur de talent, il est l’auteur d’une œuvre prolifique. Il collabore fréquemment avec l’artiste Olivier Deprez.
Adolpho Avril a créé un univers très personnel, peuplé de sombres héros. Après la mort, après la vie (éditions FRMK, 2014), qu’il co-signe avec O. Deprez, ou encore le cri déchirant les lieux exposé ici, témoignent de la grande force plastique de l’artiste.

Silvano Balbiani - Adriano e Michele, Italie
Artiste italien, Silvano Balbiani fréquente l’atelier Adriano e Michele à San Colombano al Lambro lorsqu’il réalise cette série.
Dans la surface qu’il enduit d’acrylique, Silvano Balbiani découvre des motifs qu’il s’attèle alors à faire émerger.
La sélection retenue pour Des lieux pour exister nous montre des objets de tous les jours – pipe, chapeau, toupie – magnifiés par la force expressive de l’artiste.

Samuel Cariaux - Créahm Région Wallonne, Belgique
Musicien, artiste circassien, danseur et plasticien, Samuel Cariaux est un artiste « total », fréquentant les ateliers du Créahm, à Liège.
Fortement influencé par le Japon – Samouraï, calligraphie, sushi ou manga –, Samuel Cariaux puise également son inspiration dans les photographies les plus sensuelles de la publicité.
Depuis le mois de janvier 2023, au Trinkhall museum, Samuel Cariaux s’initie à une nouvelle forme d’expression, la gravure. Ce sont quelques-unes des créations réalisées dans ce cadre qui sont ici données à voir.

Anne De Gelas, Belgique
Photographe depuis plus de trente ans, originaire de Bruxelles, Anne De Gelas compte à son actif plus d’une vingtaine d’expositions personnelles et un grand nombre d’expositions collectives, en Belgique et à l’étranger. Elle est également l’auteur de plusieurs publications (Mère et Fils, 2018 ; Une journée (presque) parfaite, 2012 ; Le secret ou la question du journal intime, 2008).
Une série de Polaroïds de l’artiste Anne De Gelas est exposée. Magnifiques natures mortes, ces photographies s’inscrivent dans l’histoire au long cours de la figuration occidentale, nous ramenant à nos intérieurs les plus contemporains et, tout autant, atemporels. Il y a, dans les natures mortes d’Anne De Gelas comme chez tant d’artistes de la collection du Trinkhall, une fidélité à l’ici à ce point forte qu’elle en devient nécessité.

Pierre De Peet - Créahmbxl, Belgique
Pierre De Peet (1929-2019) est l’un des artistes phares des ateliers du CréahmBxl, où il a œuvré pendant près de trente ans, d’août 1990 jusqu’à sa mort, survenue en novembre 2019. Issu d’un milieu relativement modeste, une santé fragile lui ferme tôt les chemins de l’école. Il aide aux champs, comme il l’explique dans son autobiographie, puis rejoint son frère dans la boulangerie familiale, où il travaille comme ouvrier pendant plusieurs années. En août 1990, à l’âge de 60 ans, il intègre les ateliers du Créahm. Il y développe peu à peu une œuvre plastique d’une bouleversante intensité : dessins, peintures et gravures. La sûreté parfaite du trait, l’intelligence des couleurs, le sens inné de la narration et une poétique incomparable de l’écart constituent les éléments principaux d’un langage pictural où l’expressionisme, en ses dimensions parfois les plus tragiques, ne cesse de dialoguer avec une manière de douceur et de tendresse à nulles autres pareilles. Pierre De Peet porte sur le monde un regard à la fois sans concession et d’une extrême bienveillance. Il feuillette magazines et livres d’art, constellations d’images, d’émotions et d’événements, la trame d’une chronique élective de la vie telle qu’elle va, pour le meilleur et parfois pour le pire, les gens et les corps comme saisis dans la nudité d’exister et qui renvoient, transparents, à nos propres douleurs et à nos propres espérances.

Frédéric Deschamps - Ateliers De Zandberg, Belgique
Dans la Black Box, aux côtés des peintures de Maurice Pirenne, se tiennent de petites sculptures parallélépipédiques. Ce sont les « boîtes à secrets » de Frédéric Deschamp.
Artiste polyvalent des ateliers De Zandberg, Frédéric Deschamp est avant tout plasticien, mais il est aussi comédien et danseur. Il réalise également des enregistrements sonores remarquables. A la fois fragiles et brutaux, subtils et directs, ses travaux sont empreints de mystère et ressemblent à un jeu de cache-cache : il y a toujours quelque chose qui se terre derrière ce qui est explicitement montré ou raconté.
Des lieux pour exister : Au décès de sa mère, Frédéric Deschamp a réalisé une série de boîtes, sortes de cercueils en céramique. Sur leurs faces extérieures, l’artiste partage des messages avec les spectateurs. Dans certaines œuvres, il a également placé des tablettes d'argile ; ce sont là des secrets qu'il ne veut pas dévoiler.

Julien Detiège - CRÉAHMBXL, Belgique
Dans le cadre d’un partenariat entre l’Espace Muséal d’Andenne (EMA) et le Trinkhall museum, l’artiste bruxellois Julien Detiège a été accueilli par l’EMA, les 10 et 11 février 2022.
Jouissant d’un espace dédié à la création en céramique, l’EMA a offert à Julien Detiège et à sa complice des ateliers du CRÉAHMBXL, Jeanne Bidlot, le cadre idoine pour réaliser une nouvelle sculpture.
Cette dernière a été réalisée à la demande du Trinkhall museum, dans le cadre de sa deuxième saison Des lieux pour exister. Les travaux de Julien Detiège y sont présents en nombre.
Les assemblages de terre de Julien Detiège sont d’étonnants portraits de femmes de son entourage, sortes de labyrinthes qui figurent, en trois dimensions, émotions et manières d’être au monde. Les visages et les corps s’élèvent en de fragiles architectures du vivant. Les identités se reconfigurent en lieux et le portrait se fait paysage.
Les partenaires du projet :
L'Espace muséal d’Andenne (EMA)
Installé au cœur du « Phare » récemment rénové, l’Espace muséal d’Andenne se consacre notamment à la mise en valeur de la céramique sous toutes ses formes.
Avec le Trinkhall museum, l’EMA entretient des liens d’amitié, mais aussi une belle connivence plastique. Aussi les deux institutions ont-elles décidé de réaliser, en 2023, une exposition conjointe intitulée « Avec ou sans âme ». La résidence menée par Julien Detiège à Andenne en est une des premières étapes.
Le CRÉAHMBXL
Fondés en 1983 par Luc Boulangé, les ateliers du CRÉAHMBXL offrent un espace de création à des artistes en situation de handicap mental.
Plusieurs d’entre eux sont présents dans la collection du Trinkhall museum, les deux institutions partageant une même volonté : valoriser et diffuser un pan important et singulier de l’art contemporain.
Le film
Réalisé par Muriel Thies (Trinkhall museum) et mis en musique par Calogero Marotta, un reportage filmique garde la mémoire de la résidence de Julien Detiège à l’EMA.
Ce document audio-visuel est diffusé au sein de l’exposition Des lieux pour exister, constituant un élément à part entière du dispositif scénographique.

Aymeric Dodeigne - Créahm Région Wallonne, Belgique
Aymeric Dodeigne fréquente depuis peu les ateliers du Créahm, à Liège.
Formidable touche-à-tout, il participe volontiers aux projets collectifs et aime relever de nouveaux défis.
En janvier 2023, il intègre l’atelier gravure, installé au Trinkhall museum, enrichissant alors sa production de nouveaux motifs.

Paul Duhem - La Pommeraie, Belgique
Paul Duhem (Blandain, 1919 – Ellignies-Sainte-Anne, 1999) a commencé à peindre sur le tard. Il avait 70 ans quand il franchit pour la première fois les portes de l’atelier de Bruno Gérard, à la Pommeraie, où il résidait depuis déjà une dizaine d’années. Son œuvre, aujourd’hui largement diffusée, est représentée dans de nombreuses collections publiques et privées. Elle tient tout entière dans le geste de dessiner et de peindre ad libitum les mêmes motifs, infiniment repris, toujours identiques et toujours différents, des visages et des portes, essentiellement, les mêmes motifs intérieurs mêmement disposés sur la page – Paul Duhem hoc fecit ! – et chaque fois réenchantés par l’intelligence inépuisée des couleurs et des variations, le geste et le rituel quotidiens de peindre, le même ethos et les mêmes instruments, crayons, pinceaux, équerre et rapporteur, une boîte à sardines, la même, toujours, où sont déposés les pigments. Le matin : trois peintures, et trois autres l’après-midi, ainsi chaque journée d’atelier, pendant dix années, jusqu’au décès de l’artiste, en 1999, le geste de peindre simplement suspendu qui aurait pu infiniment se prolonger. Henri Michaux, dans son bréviaire, Poteaux d’angle, avait donné aux artistes ce simple conseil : « Tenir les rênes courtes ». Peut-on rêver, devant les peintures de Paul Duhem, plus belle résonnance ? Duhem tient les rênes courtes et donne à chacun d’entre nous la liberté d’éprouver, dans la ronde des regards, des visages, des présences, le sentiment de sa propre existence.

Johan Geenens - Ateliers De Zandberg, Belgique
Né en 1970, Johan Geenens fréquente les ateliers De Zandberg depuis 2002.
Membre du Wild Classical Music Ensemble, Johan Geenens est également, peut-être même surtout, l’auteur d’un important travail plastique jouissant aujourd’hui d’une large reconnaissance.
Son œuvre – gravures, dessins et peintures – semble dénoter une grande retenue, bien sûr par le contenu, mais aussi par le choix de matériaux extrêmement sobres, voire austères.
Les réalisations de Johan Geenens sont des créations au long cours, mobilisant l’artiste plusieurs semaines durant. Le résultat est époustouflant, particulièrement les acryliques qui donnent à voir la nécessité d’un faire artistique.

Irène Gérard - La S Grand Atelier, Belgique
Née en 1958 à Eupen, Irène Gérard fréquente « La S Grand Atelier » depuis 2007.
Les visages et les corps d’Irène Gérard sont faits de brisures et de fragments, réarticulés les uns aux autres par les traits de l’artiste. C’est une forme de kintsugi : Irène Gérard répare les êtres dont elle révèle, dans un même mouvement, les fêlures. Nous rappelant ainsi à notre condition commune, la fragilité.

Giga - Blu Cammelo, Italie
Fréquentant l’atelier Blu Cammello depuis 2008, Giga reproduit toute image avec une grande aisance. Amateur de mots, il aime illustrer la prose autant que la poésie – il a d’ailleurs participé à plusieurs projets d’édition – et il accompagne souvent ses images de textes.
Depuis le début de l'année 2021, Giga se consacre à un nouveau projet : la reproduction, en grands formats, de bandes dessinées dont il soustrait les dialogues.
Les œuvres présentées ici sont des lieux désertés, des villes vidées de leurs habitants et dont l’existence est indiquée par des dialogues accompagnant les images. Inspirés de bandes dessinées diverses, les textes sont remaniés et adaptés aux situations représentées.

Jean-Marie Heyligen - Home André Livémont, Belgique
Jean-Marie Heyligen (Ath, 1961) est un artiste pluriel : peintre, graveur, sculpteur, il se prête depuis plus de quarante ans, avec une infinie patience, au jeu de dire hors-les-mots les choses qui importent - des visages effarés, des corps abandonnés et nus, des Indiens d’un autre monde, des chevaliers d’un autre temps, tous embarqués dans l’énigme irrésolue des formes, des traits, des matières, des couleurs, des images et des choses. L’œuvre au long cours de Jean-Marie Heyligen est le bric-à-brac ordonné, sans cesse métamorphosé, de tout ce qui, de l’enfance à l’âge d’homme, secrètement nous traverse.

Joseph Hofer - Atelier de Ried, Autriche
Né en 1945, à Wegscheid, Josef Hofer intègre la Lebenshilfe à Ried im Innkreis en 1992. Cinq ans plus tard, alors âgé de 52 ans, il rejoint l’atelier d’arts plastiques organisé par l’historienne de l’art Elisabeth Telsnig.
Les réalisations de Josef Hofer connaissent une transformation après que l’artiste a acquis, au début des années 2000, un miroir en trois volets. S’observant à loisir, Hofer consacre désormais la majorité de ses créations au corps masculin. C’est un corps désirant qui, sous le jeu des miroirs, est démultiplié, se donne à voir à la fois de face et de dos quand il n’affronte pas directement l’image spéculaire – parfois assez crûment.
Les matériaux employés par Josef Hofer sont le papier et le crayon – de couleur ou graphite ; dans ses premières réalisations, il recourt quelquefois à l’aquarelle.
Les œuvres exposées dans l'exposition « L’événement d’être là », particulièrement révélatrices du travail de Josef Hofer sur le corps et le désir, appartiennent à la collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elles ont été acquises en 2014 et mises en dépôt au Trinkhall museum.

Alexis Lippstreu - La Pommeraie, Belgique
Alexis Lippstreu (Suresnes, 1972) fréquente l’atelier arts plastiques de La Pommeraie.
Avec une économie de moyens – crayon, papier – Alexis Lippstreu se fait le copiste génial de tableaux de maîtres. Les scènes de Gauguin, Manet ou Velasquez sont réinterprétées, réinventées, au sein d’infinies séries. Chaque dessin est une variation autour d’un même thème, inépuisable, toujours repris et remis sur le métier. Réécriture ou page nouvelle de l’histoire de l’art, l’œuvre d’Alexis Lippstreu taille jusqu’à l’os pour révéler, avec une grande sobriété et un art consommé du dépouillement, le cœur des tableaux les plus célèbres.
Réitération quasi hypnotique, le travail d’Alexis Lippstreu est aussi une invitation à penser les relations qui se jouent à l’atelier, entre les artistes et celui que l’on nomme « l’animateur ». Que rend possible l’atelier et qu’interdit-il ? Que se passe-t-il lorsque tel livre consacré à tel artiste disparaît et, avec lui, une des principales sources d’inspiration ? Quelle ouverture et quelle clôture dessine le pastel, une fois remplacé par le crayon graphite ?
« Bien sûr Alexis n’a pas eu d’éducation artistique, il n’avait pas un besoin impérieux de création. Lorsqu’il est arrivé à La Pommeraie, il se trouve que mon atelier existait et qu’il y est venu. Tous ses éléments graphiques étaient posés, je ne voudrais pas minimiser mon rôle, mais à part lui fournir le matériel, être présent dans son champ visuel, il n’a besoin de rien. Si je ne suis pas là, cela le perturbe beaucoup ; une relation particulière, qui n’a pas besoin de mots, s’est installée entre nous au fil des années. Sa production n’est pas apparue dans le secret, le silence et la solitude, il travaille dans un atelier où d’autres personnes sont présentes, ma présence est réelle même si j’espère qu’elle n’est pas castratrice. Il est entouré au quotidien par des collègues qui le motivent, qui l’encouragent. Toutefois, Alexis a la capacité de se retirer de notre monde et de se mettre dans une bulle dans laquelle personne n’est invité, où le temps – notre temps – n’existe plus. Ce sont des instants magiques qui se répètent au quotidien. Il y a un tout un vocabulaire qu’il ne possède pas : artiste-œuvre-galerie-musée… Par contre, s’il ne prête pas beaucoup d’intérêt aux expositions qu’il réalise, le voyage, le vernissage et le restaurant qui entourent l’exposition sont tout à fait fondamentaux et il se souvient de tous les détails qu’il a vécus même de longues années après. Bien sûr l’argent ne l’intéresse pas du tout, il n’en connaît pas la valeur et ce n’est certainement pas le moteur de sa création. Il ne s’intéresse pas non plus au devenir de son œuvre […] Il n’a aucune considération pour son devenir et, lorsqu’il termine un dessin, il le range dans l’étagère et l’oublie aussitôt. J’ai même l’impression que nous pourrions le jeter, que ça ne changerait rien à son attitude. Mon rôle aujourd’hui est de protéger, d’inventorier, de diffuser son travail. »
(Extrait de Bruno Gérard, « Alexis Lippstreu. Gauguin, Degas, Léonard de Vinci et les autres… », in Alexis Lippstreu, Liège, MADmusée-Créahm Région Wallonne, 2012, p. 11-12.)

Ronny MacKenzie - Project Ability, Royaume-Uni
Ronny MacKenzie fréquentait l’atelier artistique de Project Ability (Glasgow) lorsqu’il a réalisé l’œuvre exposée au Trinkhall museum. Nous ne disposons actuellement d’aucune information sur cet auteur.

Alain Meert - Créahm Région Wallonne, Belgique
Actif dans les ateliers du Créahm, à Liège, depuis 1996, Alain Meert est un formidable peintre animalier et un incroyable copiste. Reproductions d’animaux ou natures mortes se trouvent transfigurées sous ses traits.
Alain Meert a également offert au Trinkhall museum une de ses pièces emblématiques : Le musée idéal (2019). Bateau pirate installé au cœur du musée, il porte en son sein les œuvres, mais tout aussi bien les gens et les projets qui importent à l’artiste. Cette pièce se donne comme la métaphore de notre politique muséale.
Alain Meert est un des trois artistes du Créahm Région Wallonne à avoir intégré, en janvier 2023, l’atelier de gravure du Trinkhall museum. Trouvant peu à peu son rythme et assurant son trait – sur zinc ou sur plastique, Alain Meert se consacre à une série de portraits.

Le musée idéal d’Alain Meert
Le musée idéal est une œuvre réalisée par Alain Meert, l’un des artistes phares des ateliers du Créahm Région Wallonne, en vue de l’ouverture du Trinkhall.
L’artiste a répondu à la question que nous lui avions adressée - Qu’est-ce qu’un musée ? - par le moyen d’un galion, toutes voiles dehors, où s’exposent nonchalamment dessins, peintures et sculptures. C’est un théâtre de papiers, de cartons, d’objets, présences multipliées, insolites et familières qui se logent exactement dans l’entre-deux des consciences. Le monde entier qui tient dans un bateau : l’arche d’Alain Meert. Quelle plus heureuse métaphore pouvions-nous rêver pour conduire notre politique muséale ? Le bateau d’Alain Meert est un musée, comme nous le voulons, qui navigue en rêvant parmi les idées, les formes et les émotions. Capitaine de vaisseau, Alain Meert est un pirate. Nous espérons, au Trinkhall, nous laisser mener longtemps par ses mille sabords et ses hissez ho !

Bertha Otoya - Atelier Creativity Explored, USA
Originaire du Pérou, Bertha Otoya fréquente l’atelier américain Creativity Explored.
À ses débuts, elle se consacre au travail textile, réalisant des tapisseries et des kilts selon des procédés péruviens traditionnels. A partir de 2009, son travail prend une autre voie : Bertha Otoya se tourne alors vers la peinture, majoritairement en noir et blanc. Progressivement, la gravure occupe une place plus importante dans sa production : serpents, poissons et bêtes mystérieuses sont apposées sur des surfaces manuscrites, copies d’ouvrages variés allant du traité de démonologie au Paradis perdu de Milton.
Trois œuvres de Bertha Otoya sont exposées dans Des lieux pour exister. Les créatures d’Otoya glissent en leur lieu, nous entraînant dans un univers merveilleux ou des profondeurs parfois inquiétantes.

Michel Petiniot - Créahm Région Wallonne, Belgique
Michel Petiniot fréquente les ateliers du Créahm, à Liège, depuis une trentaine d’années.
Chez Michel Petiniot, les traits saturent l’espace de la représentation, qu’elle soit en couleurs ou en noir et blanc. Faits de hachures et de petites formes géométriques, majoritairement réalisés au feutre, les dessins organisent des paysages urbains ou ruraux. Les personnes et les animaux qui les habitent sont composés des mêmes éléments graphiques que leur environnement.
Plusieurs créations de l’artiste ponctuent l’exposition Des lieux pour exister, notamment « La Montagne oculée », une réalisation récente (2019).
La montagne de Michel Petiniot nous regarde, bouleversant de cette façon les frontières entre humains et non-humains et rendant perceptible la force d’expressivité des instances qui avec nous – comme nous – composent le monde.
On peut également admirer, dans l’exposition, deux tapisseries. Elles sont issues d’un triptyque et résultent d’une collaboration inédite entre Michel Petiniot et Brigitte Corbisier, installée en résidence au sein des ateliers du Créahm de Liège pendant plusieurs mois. Les deux artistes partagent un même goût pour le végétal, les insectes ou encore les oiseaux de nos jardins. Ensemble, ils ont travaillé le médium de la couture, s’écartant pour un temps de leurs techniques de prédilection – la gravure pour Brigitte Corbisier, le dessin pour Michel Petiniot. Patiemment, délicatement, les motifs ont pris forme sur le tissu. Alors que leur ambition première était de réfléchir plastiquement la question animale, les artistes ont élargi leurs propos pour en faire une véritable mise en image des rapports entre les existants, de nos relations au vivant et de notre inscription dans notre environnement.

Salvatore Pirchio - Blu Cammello, Italie
Né en 1960, l’artiste italien Salvatore Pirchio fréquente l’atelier Blu Cammello depuis 2009. On dispose de peu d’éléments biographiques qui pourraient guider, éventuellement, la lecture de son travail.
Ses réalisations plastiques, des encres unicolores, représentent, la plupart du temps, des scènes urbaines : gens au café ou passants sous la pluie. Un très bel exemplaire de ces réalisations est exposée dans Des lieux pour exister.
Plusieurs gravures de l’artiste sont également présentées. D’une grande sobriété, elles nous dévoilent des paysages que semble troubler un voile quelque peu mystérieux.

Maurice Pirenne - Belgique
Au premier étage du musée, la « black box » abrite plusieurs tableaux de celui que l’on nomme, parfois, le Chardin du XXe siècle. Artiste discret, Maurice Pirenne (1872-1968) n’a fréquenté aucune académie ni école d’arts. Néanmoins, il bénéficie d’une solide érudition. Il voyage, en Belgique et à l’étranger, pour consolider ses connaissances et exercer son trait. Revenu en 1900 dans sa ville natale, Verviers, Maurice Pirenne y réside jusqu’à son décès. Au fil du temps, son œuvre picturale se resserre : réalisant de grands formats à ses débuts, Pirenne produit davantage de petits formats au fur et à mesure de sa carrière alors que son attention se replie toujours plus vers l’intimité de son intérieur – appui de fenêtre, clenche de porte ou pain de savon constituant le sujet central de ses tableaux les plus puissants.

Pascal Tassini - CRÉAHM RÉGION WALLONNE, BELGIQUE
Né à Ans en 1955, Pascal Tassini fréquente pendant plus de vingt ans les ateliers du Créahm. Son oeuvre est désormais mondialement reconnue. Parmi ses nombreuses réalisations : une cabane, emblème de son oeuvre. Construite au sein de l’atelier où il travaille, la Cabane importe particulièrement dans le processus créatif de l’artiste. Elle est composée de la matière même qui a fait la spécificité – et la renommée – de l’oeuvre de Pascal Tassini : des matériaux de récupération entremêlés les uns aux autres par le moyen de pièces textiles nouées ensemble. Placée au coeur de l’atelier, la cabane offre un refuge à Tassini ; elle est le lieu qui autorise la création et qui abrite les oeuvres achevées. Elle est à ce point emblématique de son travail qu’en 2003, lors de l’exposition monographique que lui consacre le MADmusée, l’artiste élabore une variation de la cabane dans les murs du musée. Et, en 2017, lorsqu’il expose à la galerie Christian Berst à Paris, il revient sans cesse vers une grande reproduction photographique de cette réalisation architecturale hors du commun. La Cabane occupe non seulement une place centrale dans l’oeuvre de l’artiste, mais représente également une pièce majeure pour l’histoire de l’art récente.

Bob Verschueren, Belgique
L’artiste bruxellois Bob Verschueren, à la fin des années 1970, abandonne la pratique picturale pour des créations plastiques qui ne relèvent ni du Land Art ni de la seule sculpture. Organiques et minérales, ses réalisations sont toujours des façons de réfléchir nos relations avec les lieux.
Lumineuses topographies du végétal, l’installation de Bob Verschueren révèle au plus intime de nos émotions l’idée-même de lieu, telle que nous cherchons à l’appréhender – nervures, chemins, envols, paysages minuscules et vibrants, où les frontières du dedans et du dehors s’effacent et laissent libre cours à l’esprit, ainsi devenu, enfin, chose parmi les choses.

Pascale Vincke - Créahmbxl, Belgique
Artiste des ateliers du Créahm, à Bruxelles, de 1986 à 1998, Pascale Vincke a eu une activité plastique précoce, intense et brève. Son œuvre est essentiellement constituée de portraits, inspirés de pages de magazines et de publicités. Sous les traits de Pascale Vincke, ce monde de strass et de paillettes se tord et se transforme ; il s’échappe hors de lui-même.
« Voyez comme l’image dialogue avec les bords réels ou figurés qui la contiennent – elle ne tient pas en place, elle joue, littéralement avec le cadre. Sans aucune affèterie, tout en délicatesse, les jeux de l’image et du cadre indiquent alors les conditions de possibilité du visible : l’image est toujours menacée de disparition ou plutôt, mieux dit, elle semble en permanence habitée par une hésitation à être, un projet d’évasion, affirmant en même temps que sa visibilité propre, la part de silence et de nuit qui la constitue et paradoxalement la rend possible, le silence d’où elle vient. C’est pourquoi, sans doute, elle échappe, en ce qui la fait naître et qui la guide, aux ritualités de la monstration, du commerce, de l’exaltation de soi : elle tend vers sa marge et, ici encore, postule une extériorité. Jamais elle n’est tournée vers le dedans, elle ouvre à l’inquiétante et vaste nudité du dehors. » (Extrait de Carl Havelange, « Les portraits de Pascale Vincke : une anthropologie silencieuse », in Pascale Vincke, Liège, MADmusée-Créahm Région Wallonne, 2006, p. 34.)

Andréa Wellens - Het Zonnelied, Belgique
Bénéficiaire des ateliers du centre Het Zonnelied, à Lennik, Andréa Wellens réalise un travail plastique majoritairement au pastel, quelquefois à la peinture.
Si elle excelle dans l’art du portrait, l’artiste est également auteure de la superbe nature morte exposée dans Des lieux pour exister. Celle-ci dialogue idéalement avec la série de Polaroïds de la photographe bruxelloise Anne De Gelas. Les deux propositions artistiques se répondent, leur gamme chromatique et leur propos étant en syntonie.
