Le film d'Elsa Maury, « Nous la mangerons, c’est la moindre des choses », sera montré au Trinkhall à l'occasion de sa soutenance de thèse à l'université de Liège.
La projection sera suivie d'une discussion avec le public et les membres du jury : Vinciane Despret, Carl Havelange, Sophie Houdart, Lucienne Strivay et Fabrizio Terranova.
Ce doctorat en art et sciences de l'art s'appuie sur un terrain ethnographique réalisé auprès d'une bergère et de son troupeau dans le contrefort des Cévennes. Une partie de la thèse est présentée avec le film documentaire
« Nous la mangerons, c'est la moindre des choses» où l'on suit la trajectoire de la bergère pour apprendre à tuer ses bêtes. Ce récit en immersion accompagne les gestes d'une éleveuse qui aime et qui mange ses moutons avec attention, prise dans une interrogation - incarnée et située - à propos des manières de bien mourir pour des brebis qui nous font vivre.
À partir du même terrain, la partie écrite explore plus en détail les relations d'intérêts et d'attachements avec les corps des moutons. D'abord avec la littérature, puis en focalisant l'observation et le récit autour de la bergère, ses brebis et leur troupeau, la recherche raconte la complexité des relations interespèces quotidiennes. Dès lors, on peut aborder les pratiques de morts comme des questions concrètes - et troublantes - afin de dramatiser aussi les manières de vivre avec des ovins: des animaux qui accordent de l'importance aux façons dont les corps s'articulent ensemble.
La thèse relaye une perspective bergère ainsi que des propositions philosophiques et anthropologiques qui ne font pas des rapports de nutrition des relations dégradantes, mais des relations qui obligent à enquêter sur des manières de« bien tuer» et« bien manger». l'enjeu de cette approche empirique est de ramener, doucement mais fermement, le problème moral à l'intérieur des situations ... Et d'un troupeau.